L’interactionnisme symbolique entretient une vision constructiviste du monde.
Selon ce paradigme, les individus acteurs interprètent le monde en fonction de la nature de leurs interactions. Le sens symbolique du monde émerge donc de l’interaction conçue dans ce système de pensée à partir des communications verbales et non-verbales.

La synergologie entrevoit des liens de parenté avec l’interactionnisme symbolique.

Le corpus de recherche synergologique propose : « L'interaction est à l’origine de tout comportement » (Référence 142).
D’une certaine manière, en matière d’interaction, la perspective synergologique est plus radicale que la perspective interactionniste symbolique,  car pour un synergologue l’interaction est aussi bien intracérébrale, qu’infracérébrale et extracérébrale (Référence 59 et suivantes). Mais ce mouvement de pensée, au sens des synergologues, ne fait pas la part assez belle à deux idées :

  • Premièrement l’idée qui veut que l’individu observé dans un groupe exprime seul toute l’interaction parce qu’il reçoit l’intégralité de celle-ci sous forme de percepts dans son cerveau et qu’en se centrant sur un seul individu, le chercheur peut donc entrevoir toute l’interaction.
  • Et, deuxièmement, l’idée qui veut que des centaines de générations d’êtres humains se regardant et disposant d’un même dispositif cérébral, d’un même rapport corps-cerveau aient construit un lexique corporel unique, c’est-à-dire intelligible pour tous.  Derrière le même geste non conscient réalisé par des individus différents se tisse un même rapport à la cognition exprimé sous la forme de ce geste.
    Et c’est ce code corporel qu’il s’agit pour un synergologue de retrouver.

RECHERCHE 8

Aussi riche qu’elle puisse être, la perspective interactionniste symbolique est trop réductionniste au sens des synergologues, pour rendre compte de la compréhension du réel.
Né dans les années 1930, le cadre théorique de ce mouvement émerge pour faire contrepoint aux paradigmes psychologiques dominants de l’époque, d’un côté la « boite noire »  du béhaviorisme et son désir d’occulter tout processus mental, et de l’autre la psychanalyse fabriquant elle aussi, sa boite noire « l’insconscient ».
Mais en occultant la réalité qui veut que l’individu entre en interaction muni d’une histoire corporelle individuelle (compréhensible par tous), l’interactionnisme symbolique  obère la richesse la richesse interprétative de cette historie individuelle.

D’autre part le cadre théorique de l’interactionnisme symbolique ne prépare pas à penser que le corps de l’un fait sens pour l’autre. Le corps de l’un existe dans le corps de l’autre  (zones basales du cerveau), lorsqu’il le regarde et le corps de l’un co-modèle donc les pensées de l’autre, en préparant leur émergence.

Pour prendre un exemple très concret : « Si une personne dit à l’autre ; « Veux-tu un fruit ? » en lui montrant le fruit des yeux, l’autre dira plus souvent « Non merci »,  que si la personne lui dit : « Veux-tu un fruit ? » en ayant déjà amorcé le geste de le lui tendre ».

C’est la dynamique corporelle qui modifie l’interaction et pas l’interaction qui modifie la dynamique corporelle, simplement parce que le travail du corps précède le travail de la pensée consciente. Si l’amorce de la compréhension de l’autre n’est pas faite grâce à un langage corporel exprimé par un lexique corporel accessible universellement à tous, l’approche interactionniste, qu’elle quelle soit, manque sa cible compréhensible.

Dire, comme le propose la perspective synergologique, que l’interaction est extra-cérébrale (inter-individuelle), intracérébrale (intériorisation cérébrale du monde extérieur) et infracérébrale (processus non conscients) c’est également intégrer la possibilité qu’en interaction une personne puisse être « absente » au milieu d’un groupe parce qu’elle pense à autre chose, ce qui est même assez fréquent.
Cette réalité constitutive dans nombre d’interactions, la perspective interactionniste symbolique ne peut pas vraiment la considérer, simplement parce que son point de vue est objectiviste, extérieur et ne considère pas l’individu dans sa dynamique phénoménologique.
Sans doute d’ailleurs parce que selon l’interactionnisme symbolique, l’individu est moins intéressant que la dimension symbolique de l’interaction elle-même.